Dear Barbara, Bette, Nina, (2021) a été commissionné dans le cadre d’un projet : Las Cartas Que no Fueron Tambien Son, du festival du film Punto de Vista, dans lequel les commissaires Garbiñe Ortega et Matías Piñeiro ont demandé à plusieurs cinéastes de produire une lettre à un cinéaste qu’iels admiraient. Pour Las Cartas Que no Fueron Tambien Son – The Letters that weren’t and also are – Beatrice Gibson a écrit une lettre d’amour à trois cinéastes: Barbara Loden, Nina Menkes et Bette Gordon, des femmes qui l’ont profondément influencée par leur voix et leur personnalité ces dernières années.
“When I make work, I make it with a crowd of voices in my head – Quand je fais un travail, je le fais avec une foule de voix dans ma tête…” : une voix off réflexive, à la fois intime et distante, nous entraîne dans un espace complexe, qui prend consistance avec les vibrations de la lumière, les trajectoires des enfants et le rythme de leurs courses dans un parc, ou encore le maniement d’un téléphone mobile qui sert peut-être d’objet de lecture ou de prise de notes et suggère les extensions digitales de nos vies contemporaines. La réflexion aborde les relations qui nous forment et qui nous traversent ; les enjeux d’un féminisme qui refuse de se fonder sur une idéologie de l’accomplissement individuel; les interruptions et la domestication de la vie quotidienne contemporaine. Il ne s’agit pas seulement de suggérer une généalogie artistique, mais bien d’affirmer le refus de considérer le domestique comme fabrique du personnel, de dire à quel point celui-ci est traversé par le collectif, peut devenir un espace de lutte et de création. Cette foule de voix amies qui peuplent les jours deviennent ainsi les compagnes d’une attitude de refus et de résistance.