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Film

La triste chanson de Touha

Atiat El Abnoudi
Egypte, 1971 · 12 min , 16mm

La Triste chanson de Touha (1971) est le second film réalisé par Atiat El Abnoudi à l’occasion de son diplôme de fin d’études à l’Institut supérieur du cinéma du Caire. Le film présente la vie quotidienne d’une troupe de saltimbanques dans un quartier de la périphérie du Caire. Comme tous les vendredis, les femmes du quartier ont pendu le linge aux fenêtres et la foule s’est rassemblée pour regarder le spectacle. On voit des figures, des ombres danser sur un écran. On aperçoit des marionnettes, le théâtre d’ombres qui a précédé le cinéma. Il y a le tumulte de la rue, le rythme du tambour, des chants et des voix. Une autre voix — la voix du poème — dit : des gens regardent d’autres gens. Dans le film, ce ne sont pas les artistes de rue Touha, Viro, Bolbol et Al-Gamal qui jouent pour la caméra. La caméra les suit et capte le spectacle. Elle se concentre sur des sujets marginaux, une jeune femme, un homme noir, des enfants. Touha danse, sous le regard amusé du public. Ils me regardent, je les regarde / comme si j’étais aspirée par une image. Alors que la caméra capte les corps qui se contorsionnent et qui s’exhibent, la cinéaste invite peut-être à penser : pourquoi ces jeunes gens vivent-t-ils ainsi ? Quels sont leurs rêves ? Touha se fatigue. Elle tend les bras au ciel pour récolter quelques pièces qui permettront à la troupe de manger. Ô, Destinée, le bonheur est-il réservé à certaines personnes ? / Et le malheur aux autres ? / Des gens observent d’autres gens. Le film met en évidence le partage entre ceux qui regardent et ceux qui font l’objet de ce regard. La voix interpelle : Regardez-vous ces gens qui, à leur tour, regardent d’autres gens ?

Atiat El Abnoudy (1939-2018) était une journaliste, avocate, actrice, productrice et réalisatrice égyptienne. Née dans un petit village du delta du Nil, elle est considérée aujourd’hui comme l’une des pionnières du cinéma arabe. Ses films sont une source d’inspiration pour de nombreuses femmes cinéastes qui luttent pour produire leur propre cinéma de façon indépendante. On l’a surnommée “la cinéaste des pauvres” en raison de l’attention particulière qu’elle porte aux luttes des Égyptien.ne.s ordinaires et des personnes démunies dans le monde arabe. Au cours de sa carrière, El Abnoudi a reçu plus de 30 prix internationaux pour ses 22 films, dont trois pour Cheval de boue, sorti en 1971.

Écran public

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2020 · 27 min